transzendental
Si le titre d’idéalisme signifie autant que la compréhension de ceci que l’être n’est jamais explicable par de l’étant, mais est à chaque fois déjà le « transcendantal » pour tout étant, alors l’idéalisme contient la possibilité unique et correcte d’une problématique philosophique — et alors, faut-il ajouter, Aristote n’aura pas été moins idéaliste que Kant. Si au contraire l’idéalisme signifie la reconduction de tout étant à un sujet ou une conscience (Gewissen) ayant pour tout privilège distinctif de demeurer indéterminés en leur être et de pouvoir tout au plus être caractérisés négativement comme des « non-choses », alors cet idéalisme n’est pas moins naïf sur le plan méthodologique que le plus grossier des réalismes. (EtreTemps43)
Vu la confusion qui règne aujourd’hui dans l’emploi des termes transcendance, transcendantal et transcendant, il est nécessaire de procéder à des distinctions claires. Celui là même qui croit bien savoir ce qua Kant entend par méthode transcendantale doit toujours revenir à la pensée kantienne et se l’assimiler à nouveau.
Pourquoi cela ? Parce qua la méthode transcendantale n’est pas une méthode extérieure par laquelle on tournerait simplement autour d’une question. Kant qualifie prudemment de « transcendantale », et non de « transcendante », la méthode de la « Critique », c’est-à-dire de la détermination et indication de la raison suffisante; car il appelle « transcendante » toute prétendue connaissance se situant au delà des limites de l’expérience humaine, pour autant qu’elle ne s’élève pas au dessus des objets dans la direction de leur objectité, mais qu’elle les dépasse, eux et leur objectité, et cela sans justification suffisante, parce qu’elle ne peut se fonder sur des raisons. Est « transcendante », d’après Kant, toute représentation qui se fait fort de connaître des objets inaccessibles à l’expérience. La méthode transcendantale, au contraire, vise directement la raison suffisante des objets d’expérience, donc la raison suffisante de l’expérience elle même. La méthode transcendantale se meut dans le domaine des raisons qui fondent, dans sa possibilité même, l’objet d’expérience. Elle définit le domaine des raisons qui entrent ici en jeu comme fondement et se tient dans ce domaine au milieu de ce qu’il embrasse. Parce qu’elle se tient dans le domaine de la raison suffisante de la possibilité de l’expérience, parce qu’elle demeure ainsi à l’intérieur, la méthode transcendantale est immanente. Elle est toutefois dite transcendantale, parce qu’elle concerne le transcendant dont, en mode critique, elle limite les prétentions. La méthode transcendantale parcourt l’immanence de la subjectivité, c’est à dire cet acte représentatif où se situent, comme dans leur raison suffisante, les objets en tant qu’objets de représentation. Telle est leur objectité. Tel est l’être de l’étant. (GA10 177)