Nos considérations sur l’excédent, la fin et la totalité ont mis en évidence la nécessité d’interpréter le phénomène de la mort comme être pour la fin à partir de la constitution fondamentale du Dasein. C’est à cette condition seulement qu’il peut nous apparaître dans quelle mesure est possible dans le Dasein lui-même, conformément à sa structure d’être, un être-tout constitué par l’être pour la fin. Or à titre de constitution fondamentale du Dasein, c’est le souci qui a été manifesté. La signification ontologique de ce terme s’exprimait dans la « définition » suivante : être-déjà-en-avant-de-soi-dans (le monde) comme être-auprès de l’étant faisant encontre (à l’intérieur du monde) (NA: Cf. supra, § 41, p. (192).). Ainsi se trouvent exprimés les caractères (250) fondamentaux de l’être du Dasein : dans le en-avant-de-soi, l’existence, dans l’être-déjà-dans…, la facticité, dans l’être-auprès…, l’échéance. Or si la mort appartient en un sens privilégié à l’être du Dasein, il faut qu’elle (ou l’être pour la fin) se laisse déterminer à partir de ces caractères. (EtreTemps50)
L’unité des moments constitutifs du souci, c’est-à-dire de l’existentialité, de la facticité et de l’être-échu, a rendu possible la première délimitation ontologique de la totalité du tout structurel du Dasein. La structure du souci a été portée à la formule existentiale suivante : (317) être-déjà-en-avant-de-soi-dans (un monde) en tant qu’être-auprès (de l’étant faisant encontre à l’intérieur du monde). La totalité de la structure du souci ne procède nullement d’un accouplement de ces deux éléments, et pourtant elle est articulée (NA: Cf. supra, § 41, p. (191) sq.). Nous avons dû apprécier en quelle mesure ce résultat ontologique satisfaisait aux requêtes d’une interprétation originaire du Dasein (NA: Cf. supra, § 45, p. (231) sq.). Et ce qu’a établi cette méditation, c’est que ni le Dasein en son tout ni son pouvoir-être authentique n’avait encore été pris pour thème. Néanmoins, notre tentative de saisir phénoménalement le Dasein total a semblé justement échouer sur la structure du souci. Le en-avant-de-soi se donnait à nous comme un ne-pas-encore. Le en-avant-de-soi caractérisé au sens d’un excédent, cependant, s’est dévoilé à la considération authentiquement existentiale comme être pour la fin que tout Dasein est dans le fond de son être. De même, nous avons montré que le souci, dans l’appel de la conscience (Gewissen), con-voque le Dasein à son pouvoir-être le plus propre. La compréhension de l’ad-vocation (An-ruf) s’est manifestée — comprise originairement — comme résolution devançante, laquelle renferme en soi un pouvoir-être-tout authentique du Dasein. La structure du souci ne parle pas contre un être-tout possible, mais elle est la condition de possibilité d’un tel pouvoir-être existentiel. Au cours de l’analyse, il est apparu clairement que dans le phénomène du souci sont ancrés les phénomènes existentiaux de la mort, de la conscience (Gewissen) et de la dette. L’articulation de la totalité du tout structurel est devenue encore plus riche, et, du même coup, la question existentiale de l’unité de cette totalité encore plus urgente. (EtreTemps64)
Si la résolution constitue la modalité du souci authentique, et si elle n’est elle-même cependant possible que par la temporalité, alors il faut que le phénomène qui a été conquis du point de vue de la résolution ne représente lui-même qu’une modalité de la temporalité, laquelle en général possibilise le souci comme tel. La totalité d’être du DaseDasein comme souci signifie : être-déjà-en-avant-de-soi-dans (un monde) comme être-auprès-de (l’étant rencontré à l’intérieur du monde). En fixant pour la première fois cette structure articulée, nous soulignions qu’une telle articulation contraignait la question ontologique à pousser encore plus loin, jusqu’à la libération de l’unité de la totalité de la multiplicité structurelle (NA: Cf. supra, § 41, p. (196).). L’unité originaire de la structure du souci réside dans la temporalité. (EtreTemps65)